La maladie noire ou paralysie chronique des abeilles, encore appelée « mal de mai » ou « mal des forêts » par les apiculteurs, est une maladie virale des abeilles (mais qui peut toucher d'autres insectes, dont les fourmis) décrite

dans de nombreux pays, et induite par un virus qui infecte notamment les cellules du ventricule et du système nerveux de l'abeille.

Le virus responsable a été identifié et nommé virus de la paralysie chronique (CBPV : Chronic Bee Paralysis Virus) par Leslie Bailey en 1968, mais les anglo-saxons nomment aussi la maladie May sickness, ou C.P.V. (Chronical

Paralysis Virus). Le qualificatif « chronique » a été donné par opposition à la paralysie « aiguë » induite par un autre virus l’Acute Bee Paralysis Virus (ABPV) qui, en condition expérimentale (à la suite d'une inoculation

volontaire), produit une paralysie des abeilles en 2 à 5 jours alors qu’il en faut 7 au CBPV[1]. Selon les experts de l’AFSSA, il contribue de manière significative aux mortalitésd’abeilles[2]

 

1 . Origine

 

L’origine et l’histoire ancienne de la maladie sont inconnues.

Une contagion expérimentale a été faite pour la première fois en 1945 par Burnside.

 

 Bailey a purifié le virus en 1963 (Bailey et al. 1963). Il peut pénétrer l’abeille par la voie digestive, mais aussi par des lésions de la cuticule (dans ce cas, une charge virale moindre suffit). L’Afssa a montré que le virus est encore

présent et infectant dans les fèces d’abeille, ce qui explique la contagion entre abeilles et colonies lors de confinement des colonies.

Une charge virale élevée a été trouvée par l’Afssa chez les fourmis prélevées près de colonies malades, ces dernières pouvant peut-être contribuer à disséminer le virus (études à suivre).

L'apport de miellat à la colonie par les ouvrières semble être une cause établie de transmission du virus à une colonie, mais il en existe peut-être d’autres, dont la contamination par le matériel apicole.

La maladie est contagieuse dans la ruche ou le rucher et peut décimer des essaims entiers, entraînant d’importantes pertes économiques.

 

2 Symptômes

 

- Ils peuvent être confondus avec ceux de certaines intoxications par des produits neurotoxiques . Perte de pilosité, une coloration noire et brillante chez certaines abeilles (d’où le nom de « maladie noire » et d’ « abeille noire » (à ne pas confondre avec le nom, identique, d’une variété d’abeille) ou de « petite noire », ( “petites noires” car les abeilles glabres semblent plus petites et amaigries pour celui qui les observe) ;

- Une mortalité parfois importante.

- Agitation anormale et particulière au trou de vol : les abeilles saines repoussant les abeilles malades à l'extérieur (= comportement dit de « houspillage »)

-  Certaines abeilles ont un abdomen gonflé (ce qui a fait évoquer une « constipation » à des auteurs anciens)

-  Paralysie, décrite par Bailey (en 1976), avec corps et ailes tremblantes (ailes en position écartées, abeilles trouvées mortes avec les « ailes en croix »).

Des abeilles arrivent avec leur pelotes de pollen en direction de la ruche, et tombent à quelques mètres de la colonie, tremblantes, ne pouvant regagner leur colonies : les colonies se vident de leur butineuses.

 

3 Clinique de la maladie

 

Des corps d’inclusion ont été trouvés dans les cellules de l’épithélium du tube digestif ainsi que dans le système nerveux d’abeilles malades ce qui a fait dire à Lee et Furgala, en 1965 et Giauffret, en 1967 que le virus se répliquait

probablement dans des cellules de ces organes. Mais une charge virale importante est aussi trouvée dans l’hémolymphe d’abeilles infectées (Blanchard et al., 2007).

 

4 Facteurs favorisants ?

 

La maladie semble se développer plus souvent dans les bois chez les abeilles exploitant les miellées de miellat. * La promiscuité induite par des ruches très

peuplées et/ou une mauvaise météo semble être un autre facteur favorisant.

La présence d’une « trappe à pollen » est un facteur favorisant selon les études de l’Afssa, peut-être en raison de microblessures qui pourraient favoriser

l’infection virale chez les abeilles.

Une éventuelle synergie avec les espèces de Nosema serait peut-être possible.

 

 


5 Soins

 

Pas de traitement médicamenteux connu. L'apiculteur cherche habituellement à éviter que du miellat soit disponible pour les abeilles lors de l’hivernage notamment. Certains promeuvent une transhumance dans d’autres

régions ou un renouvellement des reines

(http://www.technique-apiculture.info/psite/articles/para.php)

 

 

6 Bibliographie

 

- (en) Allen, M. & Ball,B.V., (1996). The incidence and world distribution of honey bee viruses. Bee World, 77, pp 141-162.

- (en) Bailey, L., (1968). The purification and properties of chronic bee-paralysis virus. Journal of General Virology, 2, pp 251-260.

- (en) Bailey, L., (1976). Viruses attacking the honey bee. Dans : Advances in Virus Research volume 20, (Eds : Lauffer, M. A., Bang, F. B., Maramorosch,

K., and Smith, K. M.), pp 271-304.

-  (en) Blanchard, P., Ribiere, M., Celle, O., Lallemand, P., Schurr, F., Olivier, V., Iscache, A. L. & Faucon, J. P. (2007). Evaluation of a real-time twostep RT-PCR assay for quantitation of Chronic bee paralysis virus (CBPV) genome in experimentallyinfectedbee tissues and in life stages of a symptomatic

colony. J Virol Methods 141, 7-13.

-  Giauffret, A., Duthoit, J.L., & Caucat, M.J., (1966). Etude histologique du tissu nerveux de l'abeille atteinte de maladie noire. Bulletin Apicole, IX, pp

221-228.

-  (en) Ribière, M., Faucon, J.P., & Pépin, M., (2000). Detection of chronic bee paralysis virus infection : application to a field survey. Apidologie, 31, pp 567-

577.

-  (en) Ribière, M., Lallemand, P., and Iscache, A.L.,(2004a). Detection of chronic paralysis bee virus in honey bee (Apis mellifera) excreta. Unpublished

Work.

-  (en) Ribière, M., Lallemand, * P., & Schurr,F. (2004b). Adult honey bee (Apis mellifera L.) contamination by the chronic bee paralysis virus

(CBPV) below the clinical level. Unpublished Work.

- (en) Ribière, M., Triboulot, C., Mathieu, L., Aurières, C., Faucon, J.P., & Pépin, M., (2002). Molecular diagnosis of chronic bee paralysis virus infection. Apidologie, 33, pp 339-351

- M. Ribière, P. Lallemand, F. Schurr, J.-P. Faucon (2007) Le point sur la paralysie chronique dans les ruchers français. Poster

 

7 Notes et références

 

[1] Source : Abeille de France (fr)

[2] Sources : J.-P. Faucon, P. Blanchard, F. Schurr, V. Olivier,

O. Celle, Unité Pathologie de l’Abeille,