Varroa destructor

 

Nom binominal

Varroa destructor

Anderson & Trueman, 2000

Le Varroa destructor est un acarien parasite de l'abeille adulte ainsi que des larves et des nymphes. Il est originaire de l'Asie du Sud-Est, où il vit aux dépens de l'abeille asiatique Apis cerana qui résiste à ses attaques, contrairement

à l'abeille domestique européenne Apis mellifera. Ce parasite provoque des pertes économiques importantes en apiculture et il est une des causes de la diminution du nombre d'abeilles. Ayant colonisé quasiment toutes les

zones où Apis mellifera est présente, la varroose est désormais

un problème d'ordre mondial.

 

1 Origine

 

L’acarien Varroa jacobsoni vit en équilibre avec son hôted'origine, l’abeille Apis cerana qui se trouve surtout dans le Sud-est de l'Asie. Pour produire plus de miel, des apiculteurs importèrent des colonies d’Apis mellifera dans la

région d’origine d’Apis cerana. La cohabitation des deux genres d’abeilles aurait permis au Varroa jacobsoni de parasiter l’Apis mellifera. La rencontre entre le varroa et l’abeille domestique aurait eu lieu vers 1877 au Japon[1].

Son adaptation à son nouvel hôte aurait donné naissance à une nouvelle espèce, le Varroa destructor. L’Apis mellifera est beaucoup plus vulnérable que ne l’est sa cousine asiatique, car elle s’épouille assez mal et son cycle de développement est plus long ce qui permet à l’acarien de se reproduire en plus grand nombre[2]. À cause des transhumances et du commerce mondial d’essaims sa propagation fut rapide. Sa première observation sur Apis mellifera

a été relevée en Sibérie en 1964. Dans les années 1970 il est apparu en Europe et en France depuis 1982[3]. Aujourd’hui, les acariens se sont propagés quasiment sur l'ensemble de la planète. Seules l'Australie, certaines régions

d'Afrique centrale, Terre Neuve[4] et en France les  îles d'Ouessant et de La Réunion, sont épargnées par la varroose.

 

 

2 Morphologie

 

Le varroa ressemble à un petit crabe aplati[5]. C’est la femelle que l’on observe le plus régulièrement. De couleur rouge, elle mesure de 1 à 1,8 mm de long sur 1,5 à 2 mm de large. Les mâles ne sortent jamais des alvéoles. Ils sont blanc jaunâtres et mesurent 0,8 mm de diamètre[6]. Les femelles sont très agiles et l’extrémité de leurs pattes sont munies de ventouses pour s’agripper aux abeilles. Les pattes sont courtes, le corps est recouvert de nombreuses

soies. Sa forme plate est bien adaptée pour se loger entre la nymphe et les parois de l’alvéole ainsi que sur le corps de l’abeille adulte. On ne connaît pas de prédateurs à cet acarien[7].

 

3 Cycle de vie

 

La femelle varroa se nourrit par piqûre de l’hémolymphedes abeilles. La reine, les ouvrières et les mâles sont tous visés et cela à tous les stades de leur développement (larve, nymphe, abeilles adultes). La durée de vie du parasite

est adaptée au cycle de vie de l’abeille. Alors que la population d’abeilles et de couvain décroissent à la fin de l’été, le nombre de varroa reste important. La pression parasitaire est des plus critiques lors des mois d’août à octobre. On

a remarqué qu’une colonie qui hiverne avec plus de 50 varroas a peu de chances de survivre l’année suivante.

En été, la femelle varroa vit entre un et deux mois. En hiver entre six et huit. Le mâle varroa meurt après  l’accouplement[8].

 

4 Reproduction

 

La femelle varroa se loge dans une cellule occupée par une larve d'abeille juste avant son operculation. En cas de forte infection plusieurs femelles peuvent occuper la même alvéole. De préférence elle choisit les cellules de couvain d’abeilles mâles qu’elle distingue à l’odeur. La femelle pond de deux à huit œufs. Le premier pondu 60 heures environ après operculation donnera un mâle, les

suivants des femelles qui suivront toutes les 30 heures environ[8]. Une fondatrice peut effectuer plusieurs cycles de ponte. Les femelles atteignent l'âge adulte en 7 à 9 jours. Toutes n’arriveront pas à maturité. Le couvain d’abeilles mâles mettant plus de temps à se développer il permettra à plus de femelles varroas de devenir matures. Les mâles varroas atteignent l'âge adulte en 5 à 7 jours. Ils peuvent s’accoupler plusieurs fois. Leurs pièces buccales sont utilisées pour la reproduction et ils ne peuvent se nourrir de l'hémolymphe de l'abeille et dépendent donc totalement de la nourriture de l'abeille. Avant que l'abeille ne sorte de la cellule, les males varroa doivent féconder les femelles. Les mâles meurent ensuite par manque de nourriture. Par contre, les femelles survivent et se déplacent dans la ruche en s’accrochant aux abeilles et aux

faux-bourdons. Le varroa peut ensuite être facilement transporté par les abeilles d'une colonie à l'autre.

5 Diagnostiquer la varroose

 

La maladie provoquée par la prolifération de varroa est appelée varroose, et parfois de façon incorrecte varroase ou varroatose. Le terme correct est varroose car cette maladie est une parasitose, et doit donc être nommée du

nom du parasite suivi du suffixe -ose[9] comme le prévoit la nomenclature standardisée de la World Association for the Advancement of Veterinary Parasitology[10].

 

Ainsi l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), qui avait utilisée le terme varroase dans son manuel terrestre de 2005[11], a corrigé et employé le terme varroose en 2008[12].

 

Quand les abeilles hivernent, on glisse sur le plateau de la ruche une plaque graissée qui recueille tout ce qui tombe des rayons, en particulier les varroas morts naturellement. Quand les abeilles sont actives il faut protéger ce lange

d’une grille fine pour que les abeilles ne le nettoient pas[3]. Si on utilise un plateau grillagé il suffit de mettre la plaque sous le grillage en faisant attention que les fourmis n’y aient pas accès car elles peuvent emmener les cadavres de

varroa et fausser le comptage. Pour effectuer un comptage les apiculteurs laissent le lange au moins une semaine car les variations quotidiennes peuvent être importantes. En divisant le nombre de varroas trouvés par le nombre de

jours et en le multipliant par 50 on obtient une estimation du nombre de varroas présents dans la colonie[13]. [14]

 

6 Les effets du varroa sur l’abeille

 

Se nourrissant de l’hémolymphe, le varroa prive l’abeille de nombreuses cellules sanguines et de protéines. Entre autres, la gelée produite par les nourrices est alors de moins bonne qualité ce qui nuit au bon développement du couvain. L’effet le plus dévastateur est la transmission des maladies lors des piqûres. Ainsi la varroose est souvent associée au développement d’autres maladies telles que le couvain sacciforme, les loques, la paralysie aiguë etc.

 

 

7 Sélection d’abeilles hygiéniques

 

On suppose que l’Apis mellifera pourrait développer avec le temps par sélection naturelle des comportements de lutte contre le varroa, comme l’a fait Apis cerana. Certaines abeilles réussissent à repérer les cellules operculées

dont la nymphe est malade (en particulier celles infectées par le varroa) et arrivent à les éliminer. Des colonies sauvages ont réussi à subsister pendant plusieurs années, en l’absence de tout traitement. Il faut cependant

rester prudent car la varroose est une maladie sournoise qui peut être présente pendant plusieurs années sans causer de mortalités anormales, puis rapidement atteindre un niveau tel qu’elle provoque la mort de la colonie en

quelques mois[23]. La question de la durée qu’il faudrait accorder aux abeilles pour qu’elles acquièrent des stratégies de lutte contre le parasite reste en suspens car la rencontre de varroa et d’Apis mellifera est récente comparée

à l’échelle de temps darwinienne. De plus si cette sélection naturelle a lieu, elle n’a pas été favorisée par les traitements chimiques ou  bios administrés par l'homme.5

 

7.1 Biopesticides

 

La recherche s’oriente aussi vers la découverte de virus ayant pour cible le varroa. Ils ne s’attaqueraient qu’au varroa et épargneraient l’abeille, mais la culture de ces virus reste problématique[24].

 

8 Législation

 

La France, par les décrets du 17 février 2006 classe la varroose en maladie à déclaration obligatoire. Dans la pratique, aucun rucher n’étant épargné, ces mesures sont caduques et donc non appliquées.

 

9 Références 

 

Anderson & Trueman : Varroa jacobsoni (Acari :

Varroidae) is more than one species. Experimental

and Applied Acarology, 24(3), March 2000 : 165-

189.

 

10 Articles connexes

 

Virus des ailes déformées (transmis par le varroa)

Apiculture

Syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles

 

11 Liens externes

 

Référence GISD : espèce Varroa destructor Anderson

& Trueman, 2000 (en)

La varroase sur Apiwiki

Le varroa

Traitement à l'acide formique

Les effets pathogènes de la varroose

12 Notes et références

[1] Vincent Albouy, Des abeilles au jardin, aux éditions Édisud,

2012, ISBN 978-2-7449-0944-3, p.135

[2] http://same-apiculture.colinweb.fr/

Varroa-abeilles-et-traitements

[3] Le traité rustica de l’apiculture, rustica éditions, 2011,

ISBN 978-2-8153-0157-2, p.88

[4] Honey Bee Apis mellifera Parasites in the Absence of Nosema

ceranae Fungi and Varroa destructor Mites Dave

Shutler, Krista Head, Karen L. Burgher-MacLellan, Megan

J. Colwell, Abby L. Levitt, Nancy Ostiguy, Geoffrey

R. Williams

[5] Henri Clément, Les bons gestes de l’apiculteur, rustica éditions,

2011, ISBN 978-2-8153-0091-9, p.26

[6] Le traité rustica de l’apiculture, rustica éditions, 2011,

ISBN 978-2-8153-0157-2, p.89

[7] Jean Riondet, L’apiculture mois par mois, aux éditions Ulmer,

2010, ISBN 978-2-84138-439-6, p.158

[8] Vincent Albouy, Des abeilles au jardin, aux éditions Édisud,

2012, ISBN 978-2-7449-0944-3, p.136

[9] Kassai T., 2006, Nomenclature for parasitic diseases

: cohabitation with inconsistency for how long

and why ?, Veterinary Parasitology, 138, 169–178,

http://www.waavp.org/files/Nomenclature%20for%

20parasitic%20diseases.pdf

[10] http://www.waavp.org/node/43

[11] http://web.oie.int/fr/normes/mmanual/pdf_fr/

Chapitre%20final05%202.9.5_Varroosis.pdf

[12] http://www.oie.int/fileadmin/Home/fr/Health_

standards/tahm/Chap%202.2.7._Varroose_2008.pdf

[13] Jérôme Alphonse Un petit rucher bio, éditions plaisirs nature,

2011, ISBN 978-2-8153-0015-5, p.88

[14] Jean-Paul Faucon, La question sanitaire, CNEVA FNOSAD,

1996, ISBN 2-950-6622-1-8, 2° et 3° de couverture

[15] Y. Le Conte, Z. Y. Huang, M. Roux, Z. J. Zeng, J.-

P. Christidès, A.-G. Bagnères (2015) Varroa destructor

changes its cuticular hydrocarbons to mimic new hosts ;

Biol. Lett. 11 20150233 ; DOI : 10.1098/rsbl.2015.0233.

publié 3 Juin 2015 (résumé)

[16] Henri Clément, Les bons gestes de l’apiculteur, rustica éditions,

2011, ISBN 978-2-8153-0091-9, p.33

[17] Rémy Bacher, L’ABC du rucher bio, éditions terre vivante,

2006, ISBN 978-2-914717-20-5, p.69

[18] Le traité rustica de l’apiculture, rustica éditions, 2011,

ISBN 978-2-8153-0157-2, p.92

[19] Le traité rustica de l’apiculture, rustica éditions, 2011,

ISBN 978-2-8153-0157-2, p.93

[20] Jérôme Alphonse Un petit rucher bio, éditions plaisirs nature,

2011, ISBN 978-2-8153-0015-5, p.89

[21] Site de Brin de Paille Alsace : Association de Permaculture

de Strasbourg : Lutte biologique contre la varroase

[22] Dominique Burel, La ruche le miel et le jardin, éditions

Ouest-France, 2012, ISBN 978-2-7373-5500-4, p.59

[23] Minh-Hà Pham-Delègue, Connaître et découvrir les

abeilles, éditions Minerva, 1999, ISBN 978-2-7028-2599-0, p.143