Se débarrasser du varroa
Au début de la propagation, on a cru pouvoir l’éradiquer en détruisant systématiquement les colonies touchées. Mais la contagion semble souvent inexorable à cause de facteurs importants de disséminations naturels (pillage,
dérive, essaimage) ou anthropiques (transhumance, commerce des colonies) ; en particulier cette espèce est capable de mimétisme biochimique ; il change la composition moléculaire de sa cuticule pour mimer son hôte et se rendre indétectable dans la colonie[15].
1 Traitements chimiques
En 1982, le seul traitement disponible était le Folbex VA. Sous forme de bandes papier, il fallait les consumer afin de libérer la substance active bromopropylate.
Ce traitement se montra vite inopérant. Des générateurs d’aérosol apparurent (Edar, Phagogène). Ces appareils volumineux nécessitent pour fonctionner de l’électricité ou du gaz. Ils permettent d’introduire dans les colonies
différentes substances actives. La plus utilisée est l’amitraze. La même substance peut aussi être imbibée dans des langes enduits de vaseline. Cette molécule administrée en aérosols ou en évaporation donne des résultats,
mais il ne s’attaque pas aux varroas logés dans les alvéoles operculées et nécessite donc de fréquentes applications.Il est donc surtout efficace en période hivernale où le couvain est réduit. Dans les climats chauds tels que
la zone méditerranéenne le couvain est présent en toutes saisons et l’apiculteur doit redoubler de vigilance[16]. Certains apiculteurs ont utilisé le Klartan à base de fluvalinate.
L’efficacité est certaine mais son usage est illégal en France. Pour utiliser cette molécule, il a fallu attendre une autorisation de mise sur le marché de l’Apistan, lanières diffusant du fluvalinate. Elle permettait de traiter de manière
efficace et simple (une seule application par an) les colonies jusqu’à ce que le varroa développe une résistance à ce médicament sans doute favorisé par le manque d’alternatives dans les traitements. Depuis deux nouveaux
produits sont disponibles. l’Apivar à base d’amitraze et le Périzin, à base de coumaphos (organophosphoré). Cette dernière molécule présente l’inconvénient de se retrouver dans les cires et porterait préjudice au développement des larves d’abeilles[17]. L’alternance des molécules accroît
l’action du traitement. À l'heure actuelle, il est nécessaire de faire un traitement en deux phases. Premièrement un traitement réalisé juste après la récolte du miel puis un traitement radical en hiver profitant du faible nombre du
couvain.xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
2 Traitements alternatifs
Ces traitements « biologiques » ont une efficacité plus irrégulière et plus faible[18]. Cependant leurs résidus présentent moins de nocivité pour la santé et permettent d’élargir la palette des traitements et réduire l’apparition de résistances du varroa.
2.1 Acide formique
L’acide formique est présent naturellement dans le miel. Les meilleurs résultats sont obtenus ponctuellement en imbibant 30 ml d’acide à 65 % pour une ruche Dadant sur une éponge en viscose. Sa manipulation nécessite des lunettes et des gants. Son évaporation varie beaucoup en fonction de la température extérieure et de la position du diffuseur dans la ruche.
2.2 Thymol
Le thymol n’est pas vénéneux. On peut le dissoudre dans de l’alcool ménager, en imbiber des bouts de carton et les laisser s’évaporer au-dessus des cadres. La température extérieure doit être supérieure à 20°C. Tout le rucher doit
être traité en même temps car les vapeurs incommodent les abeilles qui peuvent changer de ruches. Son efficacité avoisine les 80 %. Plusieurs médicaments utilisent le thymol dont Apiguard, Thymovar et Apilife-Var. Les trois ont une autorisation de mise sur le marché en France. Ce dernier est associé à du camphre, du menthol et de l’huile essentielle d’eucalyptol[19].
2.3 Acide oxalique
Des plantes comestibles comme l’oseille contiennent de l’acide oxalique. Il n’est cependant pas sans danger et est considéré comme vénéneux dans la pharmacologie européenne. Il figure dans l’annexe 2 des limites maximales
de résidus des substances vétérinaires. Les vétérinaires en France peuvent donc en prescrire aux apiculteurs bio. Son efficacité a été démontrée et en respectant le protocole d’utilisation, on ne détecte pas de traces dans le miel.
Les traitements à l’acide formique et au thymol sont plutôt destinés aux traitements après la récolte lorsque la température extérieure est encore assez élevée. Ils sont souvent complétés par un traitement à l’acide oxalique[20]. Ce traitement a lieu en hiver en l'absence de couvain (novembre décembre).
L'efficacité est de l'ordre de 95-98%[21]. Il est à noter que la température affecte l'évaporation de l'acide et donc son efficacité/nocivité[citation nécessaire].
3 Traitements mécaniques
Certains apiculteurs font construire des cadres à couvain de mâles où les varroas se développent en grand nombre et avant l’émergence des faux-bourdons détruisent ces cadres, mais la destruction des faux-bourdons n’est pas sans poser de problèmes. Cette pratique est interdite en apiculture biologique[22]. Des partisans de la ruche Warré auraient noté que l’utilisation de cadres en cire gaufrée favoriserait le développement du varroa car la
taille des alvéoles est un peu plus grande que quand on laisse construire naturellement les cirières. L’utilisation de fonds grillagés dans les ruches empêcherait les varroas qui tomberaient accidentellement de remonter dans
la ruche. La même remarque est évoquée pour expliquer que les colonies sauvages installées dans des cheminées seraient moins touchées par le varroa. D’autres contredisent ce fait, en argumentant que le Varroa en plus d’être
très agile, possède huit ventouses très puissantes et les individus qui tomberaient ne seraient que les morts ou en fin de vie. De plus un plancher grillagé diminuerait la température intérieure de la ruche. Le développement du couvain serait alors plus long et par conséquent le nombre de femelles varroas matures plus important.